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La Joie de Vivre selon feu William Klein

Je viens d’apprendre à la radio la mort du photographe William Klein qui figure en bonne place dans mon petit temple aux amours perso. Celui là, je l’aime selon le moi qui le trouve très doué pour attraper la joie au filet, comme ca dans la rue, dans ce qu’elle a pourtant de plus volatile, mutine, sauvage et autres adjectifs qui vagabondent parfois de manière charmante sur la figure des gens. La manière qu’il a eu, vers 1960, de photographier ses rencontres citadines au creux de quatre cités parmi les plus emblématiques lui à permit d’asseoir son titre de grand reporter de la vie ordinaire. New York. Sa ville natale. Tokyo. Moscou. Rome. Mais c’est à Paris, ville qu’il décrit pourtant comme “très inconfortable et donneuse de maux de tête”, qu’il à choisi de poser ses valises. Venu dans l’espoir de se lier d’amitié avec Picasso ou Giacometti, fidèle aux rêves de son adolescence, ses anges gardiens sur place s’appelleront finalement Chris Marker, Alain Resnais, Fernand Léger et puis Jeanne Florin, son épouse, dont il parle avec une tendresse empanachée en interview. “Our relationship was the love affair of the century. We met when we were 18, married at 19 and we were together for more than 50 years. That’s Paris.

Lorsqu’on à étudié la peinture et la sociologie, comme lui, le métier de photographe pourra couler de source. Cà revient un peu à se faire anthropologue, par des voies détournées, tout en s’exemptant de la ponte du fameux mémoire poussiéreux de mille pages qui retrace à la lettre ses observations de chercheur. L’aventure est sauve. Le scrupule est moindre. Le prétexte artistique allège le contexte. Le contexte est toujours le même. Une humanité embrassée du regard, frôlée comme un grand courant d’air aux milles odeurs à la fois familières et étranges. Cette curiosité avide de saisir, documenter, emprisonner dans le phosphore ce qui rend l’autre, l’étranger et le prochain si vivant et unique, suffisamment entier pour se laisser absorber par l’objectif, cette prothèse d’œil au blanc gourmand et à l’iris qui reste pour toujours à l’affut de tout l’amour possible.

Quoiqu’en matière de sciences sociales, je connaisse quand même un de ces professeurs, très sympa, reconnaissable à sa petite aura d’einstein on the beach – professeur tournesol et capable de faire de la leçon d’anthropologie classique (l’amphi, les diapositives, l’ethnopsychiatrie à papa) quelque chose de vivant et réellement passionnant. Je vous laisse juge avec le lien vidéo vers la plus fameuse de ses conférences : peut-on rendre l’autre amoureux ? Il y parle des protocoles à l’œuvre en matière d’envoutement, et des façons qu’ont les hommes de s’y laisser bercer, endormir, pour finalement se réveiller sur la rive d’un autre monde.

Et puis si vous voulez vous offrir un livre de William Klein, certains sont toujours disponibles sur la boutique de la revue Polka. Il y a aussi un film à lui, Qui êtes-vous Polly Maggoo ?, sorti en 1966, qui montre plutôt sa patte pour la mode et ses gravures pour Vogue.

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